vendredi 14 octobre 2011

Énergie Solaire, mon expérience personnelle

Énergie solaire, mon expérience personnelle.

Je voudrais partager mon expérience personnelle sur l’utilisation de l’énergie solaire au Mali, j’allais dire l’expérience combinée de mon père et moi.

Vous savez tous, sans doute, que l’Afrique est le continent le plus ensoleillé et le plus chaud au monde. Le soleil se lève aux environs de 6h00 du matin pour se coucher vers 18h00. Je suis né et j’ai grandi au Mali, pays de mon enfance et de mon adolescence que j’ai quitté par la suite pour venir m’établir au Québec (Canada).

Revenons au sujet en objet. Mon père, un retraité de la fonction publique Malienne, a une petite maison de campagne à Banankoro, une banlieue située à une trentaine de kilomètres de Bamako, la capitale du Mali non loin, de l’aéroport. Mon père passe presque tout l’hivernage à Banankoro soit 4 mois pour s’occuper des travaux champêtres puis retourne à Mopti le reste de l’année où se trouve la grande famille. Quand mon père se trouvait à Banankoro, je partais le rendre visite, systématiquement, tous les Samedis. Je passais la journée avec lui et ne retournais à Bamako que le soir où j’habitais et travaillais.

Banankoro est un joli petit village, la nature y est belle et l’air est pur sans compter que certaines choses y sont moins chères par rapport à Bamako. Cependant il n’y avait pas d’électricité à Banankoro. Ainsi, mon père et moi décidâmes d’essayer l’énergie solaire pour combler ce vide. Il est allé voir un consultant en énergie solaire qui possédait aussi une boutique d’équipements solaires. Après une brève évaluation de nos besoins énergétiques, il nous suggéra d’acheter :

-          2 plaques solaires (qu’on appelle des piles photovoltaïques).
-          2 batteries de 12 volts chacune.
-          1 convertisseur qui converti le courant continu des batteries en courant alternatif pour nos appareils électroménagers.
-          Des fils électriques et des interrupteurs.

Nous avons acheté lesdits équipements. Rappelons qu’en ces années là (1995-96-97), les équipements solaires coûtaient très chers au Mali et pour le tout, équipements et main d’œuvre comprise, nous avons dû débourser 400 000 Fcfa comme frais de premier établissement. Ce qui nous permit de pouvoir alimenter :

-          5 ampoules ordinaires.
-          1 téléviseur en couleur de l’époque.
-          1 réfrigérateur.
-          1 ventilateur.

Bref nous avions tout ce qu’il fallait pour mener une petite vie de ville en pleine campagne. La seule maison éclairée du village et de surcroît équipée d’un téléviseur en couleur, notre cours ne désemplissait pas lors des heures de grande écoute de la télévision (20h00 à 23h00). Mon père n’était plus seul en semaine. Il avait de la compagnie à revendre, ce qui me rassurait lorsque je n’étais pas avec lui.

La première année se passa très bien. Ma femme, une Malienne faut –t- il le signaler, arrive de la France. Nous habitions à l’hippodrome un quartier de Bamako. Nous continuons toujours à aller passer la journée du Samedi à Banankoro chez mon père lorsqu’il était là. Nous avions une 2CV (Citroën) achetée avec un curé (Père blanc) qui rentrait au bercail. Et tranquillement ma femme commençait à prendre gout pour ce village et me demanda un jour d’y aménager. J’en venais pas comme diraient les Québécois. Comment quitter la ville pour la campagne avec tout ce que cela implique? Et comme un proverbe de chez nous dit  ‘’ ce que femme veut, Dieu le veut’’ nous avons déménagé à Banankoro. Le trajet Bamako-Banankoro se faisait bien car après tout une 2CV ça ne consomme pas beaucoup.

Les premières pannes électriques commencèrent après notre déménagement. Ce qui est très normal puisque les besoins ont augmenté car maintenant nous vivons à plein temps à Banankoro. Je suis retourné voir le consultant technique en énergie solaire pour lui faire part de la situation car nous perdions l’électricité vers 21h00 tous les soirs.

Le consultant est revenu sur le site pour voir ce qui n’allait pas. Il nous a dit ceci : vous utilisez l’énergie solaire mais tous vos équipements sont des équipements ordinaires en ce sens qu’ils utilisent tous le courant régulier (alternative) issu du convertisseur. Pour mieux tirer profit du potentiel solaire, vous devez avoir aussi des équipements solaires ainsi le convertisseur ne s’épuisera pas ou bien ne sera utilisé que pour quelques uns de vos équipements.

Je comprenais qu’il fallait avoir le tout solaire : ampoules solaires, frigo solaire, TV solaire. Franchement, j’étais un peu découragé à l’idée que nous devons remplacer tous nos équipements, nous n’étions pas riches nous!
Sa solution alternative mais temporaire consistait à ajouter une autre plaque solaire et une autre batterie de 12 volts. Ce que nous avons fait. Et aussi incroyable que cela puisse l’être, nous n’avions plus de pannes. La vie était belle et revenait à la normale car nous avions de l’électricité au village, pas de compteur et donc pas de mensualité à payer jusqu’au jour où nous avons plié bagages pour venir nous établir au Québec (Canada).

Ce que je retiens  de mon expérience du solaire est que les femmes de Banankoro, pour les avoir observé si longtemps, passent presque le quart de leur temps à la recherche du bois de chauffe pour la cuisine et autres besoins domestiques. Ces  femmes vont de plus en plus loin maintenant à la recherche de leurs fagots. Ce qui entraine, à la longue, une déforestation certaine.

Ce que je retiens aussi de mon expérience du solaire est que l’énergie solaire est une source naturelle renouvelable, une énergie propre, non polluante pour l’environnement et gratuite si j’ose le dire hors mis les frais de premier établissements.

Dernièrement j’ai vu à la TV le président ATT inaugurer une centrale hybride (solaire et mazout) à Ouéllessébougou, une commune rurale que je connais bien car non loin de Banankoro. Ah que j’étais content! Que c’était merveilleux de voir cette inauguration à la TV qui m’a plongé dans mon expérience vécue du solaire me poussant ainsi à écrire cet article et à le partager.

Mais ciel, qu’attendent nos gouvernements africains pour mettre de l’avant l’énergie solaire afin de faire face à nos besoins énergétiques croissant ou tout au moins à une partie de ses besoins croissant? Est-ce réellement des intérêts inavoués Occidentaux ou de pays pétroliers qui seraient en jeu ? Notre consultant m’avait dit à l’époque, puisque lui avait fait ses études en Allemagne, qu’il y’avait des chauffe-eau solaires, des cuisinières solaires, …. Ici, à Montréal, j’ai vu qu’une grande partie de l’Université Concordia est chauffée au solaire pendant l’hiver. Plusieurs autres entreprises sont entrain de tenter leur chance en intégrant l’énergie solaire dans leur système de gestion énergétique certainement moins coûteuse.

Mais ciel, qu’attendons-nous africains, nous qui avons le soleil sur la tête toute l’année, gratuitement?

Très solaire.

Oumar Tall

2 commentaires:

  1. Une expérience passionnante du solaire.

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  2. Je trouve votre expérience tr passionnante qui mérite d'être reproduite au grand bénéfice du pays.
    Quelles étaient les puissance des Panneaux Solaires (en W) et celles des batteries (en A)?
    Merci!

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